Les "Mais" des conscrits
La coutume voulait naguère que dans la nuit du 30 avril au 1er mai, les jeunes hommes se livrassent au charivari des « mais ».
Pour attirer l’attention des jeunes filles à marier, les célibataires déposaient un petit arbre ou une grosse branche devant le domicile de chacune, voire sur le toit. La nature du végétal avait son langage subtil et comportait un message explicite pour les initiés. La fille charmante recevait par exemple une branche de charme, la coureuse pouvait être affublée de cerisier, la bêcheuse voyait son logis décoré de sapin.
Cette nuit carnavalesque était en outre l’occasion de régler quelques comptes. Certains habitants devaient récupérer au petit matin les pots de fleurs, la pile de bois, les matériels agricoles ou les vélos entassés pêle-mêle sur la place du village ou perchés au faîte de la maison.
Le lendemain, les filles honorées ne manquaient pas d’offrir un pot aux garçons pour arroser leurs « mais ».
Cette ‘dionysade‘, qui trouve son origine dans des temps très anciens, a perduré jusqu’aux années quatre-vingt.
Quelques grands ancêtres parmi nous se rappelleront sans doute leur rôle exercé soit comme auteurs soit comme destinataires du message délivré par les « mais ».
Bernard Pinot