Ste Barbe fête des pompiers
Fêtée le 4 décembre, Sainte Barbe ou Sainte Barbara patronne, le modèle et la protectrice des pompiers. Elle nous donne l'occasion de vous présenter un texte de Bernard Pinot nous contant l'histoire des Pompiers de Pusey.
Confrontées de tout temps aux différents sinistres et tout spécialement aux incendies dévastateurs, les communes s’organisent tant bien que mal en se dotant des moyens nécessaires pour être en mesure de réagir. Après une longue période de tâtonnements, où l’on compte plus sur l’entraide que sur l’organisation, le XIX ° siècle voit la création embryonnaire d’un service permanent composé, selon les époques, de gardes-pompes, de pompiers, puis de sapeurs-pompiers.
Dans ce domaine, Pusey suit une progression comparable à celle des autres communes de France. L’évolution peut s’analyser autour de quelques dates.
Comme partout, pendant des siècles, la lutte contre l’incendie se réalise à coups de seaux d’eau amenés sur les lieux du sinistre par la chaîne des voisins et des passants.
Conscient du peu d’efficacité de ces pratiques, le conseil municipal, en 1811, se montre favorable à l’achat d’une pompe. Mais il semble bien que cette acquisition tarde à se concrétiser, car, en 1826, les propositions sont renouvelées.
En tout état de cause, un besoin d’organisation se fait sentir et, en 1831, il est projeté de constituer un Bataillon, avec des Compagnies de la Garde nationale des villages voisins, à qui l’on confierait la mission d’intervenir sur les lieux des sinistres.
Antoine ATHEY est désigné pour prendre la tête d’une unité de 16 hommes plus particulièrement destinés à mettre en œuvre les moyens d’intervention.
Pusey, qui regroupe alors quelque 800 habitants, devient le centre de gravité des secours pour les communes de Charmoille, Pusy, Épenoux, Frotey et Quincey ; mais rapidement, ces deux dernières contestent la décision en alléguant de leur éloignement.
Dans le même temps, la municipalité procède au recensement systématique des points d’eau et entreprend de constituer les réserves nécessaires aux éventuelles interventions.
En fait, le grand tournant se situe en 1836.
Claude Étienne LÉPINIER, le maire du moment, décide l’achat d’une pompe aux Établissements Jolyot de Vesoul.
Le cahier des charges stipule que pour le prix de 1.350 francs, cette pompe à bras et ses accessoires doivent présenter des caractéristiques précises :
« Un corps de 3 pouces métriques de diamètre ; 50 pieds courants de tuyaux en cuir de vache grasse ; 20 seaux en fort cuir de semelle ; un tamis de toile de canevas, pour filtrer les eaux boueuses. »
Par contrat, Monsieur Jolyot s’engage à venir à Pusey tous les trois mois pour montrer aux utilisateurs le fonctionnement et l’entretien de cet appareil moderne.
En 1858, le conseil municipal met sur pied une « Compagnie de Pompiers ».
Le 3 août 1861, Antoine ATHEY, confirmé dans ses fonctions, est nommé Sous-Lieutenant à la « Subdivision » de Pusey, par décret impérial. Le 1er septembre, il jure fidélité à l’Empereur.
En 1884, la « Subdivision » de Pusey est prorogée, comme elle le sera régulièrement, par arrêté préfectoral sur proposition argumentée de la municipalité.
En 1886, la commune décide l’achat d’un nouvel appareil, pour la somme de 2650 francs :
« Une pompe à incendie n° 3, modèle 1885 breveté S.G.D.G., aspirante et foulante, système Batifoulier, montée sur chariot à 4 roues, avec siège avant, assortie d’une lanterne, d’une mécanique, d’une limonière, d’une flèche à bras ; deux galeries, avec palonnière, deux leviers de manœuvre, bien peinte et vernie, avec l’inscription du nom de la commune. Cette pompe débitera trois cent soixante litres à la minute, manœuvrée par quatorze hommes ou même seize, en donnant soixante coups doubles à la minute et projetant l’eau à 34 ou 36 mètres horizontalement.. »
En 1885, les Pompiers de Paris optent pour la couleur distinctive rouge vermillon… Mais notre pompe à nous est encore du plus beau noir vernissé.
En 1894, Philippe BALMONT, chevalier de la Légion d’Honneur, maire de Pusey, réussit à vendre pour 100 francs la « pompe foulante » achetée en 1836.
L’effectif de la Subdivision oscille entre 16 et 20 hommes. En 1898, par exemple, l’effectif comporte 1 sous-lieutenant, 1 sergent, 2 caporaux, 1 tambour, ou clairon, 15 sapeurs-pompiers.
En juillet 1935, par décision du conseil municipal, présentée par le maire Lucien JOBLOT, un crédit de 2000 francs est ouvert pour l’achat de la « motopompe » qui va armer le Corps des sapeurs-pompiers du village jusqu’à sa dissolution. Mais le Préfet assortit son feu vert d’une décision de réduction de l’effectif de 20 à 12, estimant ce nombre suffisant pour servir le nouvel engin.
La motopompe est normalement tractée par deux hommes. Pour gagner en rapidité, le mécanicien du Corps bricole une allonge permettant la traction de quatre hommes. Puis, lorsqu’il s’agit de prêter main-forte à un village voisin, on n’hésite pas à tracter l’appareil avec des chevaux d’abord, la jeep du maire ensuite, voire une voiture de passage.
Le règlement d’administration procède d’un décret du Président de la République datant de 1875.
Le Sapeur-Pompier prend l’engagement de servir 5 ans et promet de se soumettre aux obligations que lui impose le règlement du Corps, sans aucune exception ni réserve.
Il doit avoir aussi satisfait à la loi sur le recrutement dans l’Armée, être de bonne vie et mœurs, d’une sévère probité, de bonne santé.
L’officier est nommé par le Président de la République, sur proposition du Préfet.
Un arrêté préfectoral de 1898 rappelle que la Subdivision doit se réunir 10 fois par an, le premier dimanche de chaque mois, excepté décembre et janvier.
Il fixe également les règles de discipline et prévoit sanctions, amendes, exclusion le cas échéant, pour ceux qui n’ont pas un comportement satisfaisant. À noter que les amendes sont retirées sur l’allocation attribuée annuellement à chacun (10 francs en 1896).
Une assurance, contractée par la commune, couvre les hommes en service.
Cependant, dès 1898, une caisse est constituée en faveur des sapeurs de la commune.
Les ressources proviennent :
. des produits des amendes imputées aux sapeurs - pompiers manquant à la manœuvre.
. des cotisations des membres honoraires et participants.
. des subventions qui pourraient être accordées par la commune, le conseil général ou l’État.
. du produit des donations et legs faits par des particuliers.
. du produit des dons et souscriptions provenant des compagnies d’assurances contre l’incendie.
Les secours sont destinés :
. aux sapeurs-pompiers qui, en service, ont reçu des blessures entraînant incapacité de travail.
. aux veuves et aux enfants des sapeurs-pompiers morts en service commandé.
À l’époque, il est de coutume, lors des mariages notamment, de procéder à une quête pour les sapeurs-pompiers du village.
Depuis son organisation, 6 chefs se sont succédé à la tête du Corps des Sapeurs-Pompiers de Pusey :
ATHEY Antoine, de 1861 à 1884.
CHAON Auguste, de 1884 à 1920 – clairon en 1872, nommé lieutenant en 1884 par le Président de la République Jules GRÉVY et le ministre de l’Intérieur WALECK-ROUSSEAU.
ARQUINET Charles, de 1920 à 1927 – sapeur-pompier depuis le 4 mai 1898.
LÉPINIER Jules, de 1927 à 1942 .
PINOT Albert, de 1942 à 1949 – sapeur- pompier depuis 1923.
RODET Jean a eu le triste privilège d’assurer la dissolution du Corps.
Les hommes qui ont constitué les formations de Sapeurs-Pompiers des villages sont toujours restés fidèles à leur vocation de servir. Ils se portaient sans délai, quelles que fussent les circonstances, au secours de leurs concitoyens dans le désarroi parce que le feu ravageait une demeure, une ferme, un atelier. Ils prenaient sur leur temps, plantaient là, la faux pour le fermier, le marteau pour le forgeron, le rabot pour le menuisier, lorsque le tocsin sonnait au clocher. Ils sacrifiaient les dimanches matins aux exercices et à l’entretien du matériel.
Le Corps était soudé autour de son chef. L’exercice dominical, d’une grande rigueur technique, se prolongeait dans une réunion de cohésion au café du village. À ce moment, les règles de la discipline se dissolvaient dans la chaude camaraderie qui unit les hommes animés d’un même altruisme.
Quelques réunions annuelles, dont le fameux et traditionnel « bal des pompiers », restent vivaces dans la mémoire des grands anciens. Ceux-ci revoient la fière allure de leurs pompiers entourant le drapeau des anciens combattants ou aux adieux à un aîné.
Ce n’est pas sans un pincement de cœur de tout le village quand il fallut rendre les uniformes, lorsque l’heure de la dissolution a sonné pour transmettre le flambeau aux professionnels de Vesoul.
Le village ne doit pas oublier les ATHEY, les CHAON, les ARQUINET, les LÉPINIER, les PINOT, les RODET, et tous les autres qui se sont dévoués dans l’ombre, parfois au péril de leur vie, pour servir la collectivité.
Maintenant, l’organisation a pris le pas sur le bénévolat ; mais l’esprit demeure. Pour les Sapeurs-Pompiers d’aujourd'hui, comme pour ceux d’hier, il s’agit toujours de « SAUVER OU PÉRIR ».
B.Pinot
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