Revue de presse : Il y a cent ans, le sous-lieutenant Curie
Le 20 octobre 1917, le sous-lieutenant Henri Curie dirigeait un tir de batterie qui abattait un zeppelin de retour d’un raid de bombardement en Angleterre. Georges, son neveu, a remis au jour les archives familiales.
Comme il en a l’habitude, chaque dimanche, Georges Curie, 79 ans, lisait la rubrique « Il y a cent ans » dans le Mag de L’Est Républicain. Le 29 octobre 2017, un article titré « L’équipage d’un zeppelin capturé par une femme » a particulièrement attiré son attention. L’Histoire, avec un grand H, rapporte le retour du « L-45 » d’un raid de bombardement en Angleterre.
Le dirigeable allemand faisait partie d’une escadre d’appareils similaires, lesquels « furent obligés par le mauvais temps à s’élever à une grande hauteur où ils perdirent leur direction ». Privé de carburant, le « L-45 » atterrit miraculeusement dans les Basses Alpes, avant que son équipage, composé d’une quinzaine hommes, se constitue prisonnier.
« J’ai eu un déclic », résume Georges Curie. Dans une boîte métallique précieusement rangée dans une armoire, il a extirpé un exemplaire authentique de la revue hebdomadaire Le Miroir, qui connut sa plus forte diffusion durant la Première Guerre mondiale. Sur une double page, l’hebdomadaire photographique relate la fin du superzeppelin « L-44 », qui occupait la tête du convoi, abattu à Chenevières (Meurthe-et-Moselle) le 20 octobre 1917. « Il venait de dépasser Lunéville et allait rejoindre ses lignes. Il se trouvait à 5 500 mètres ce qui représente une jolie prouesse pour le dirigeable ».
Commandée par le lieutenant Fenouillet, la section demi-fixe 174 de DCA (défense contre avion) ouvrit le feu. « Une flamme, à peine perceptible d’abord, puis énorme, révéla toute la carcasse embrasée du dirigeable qui fit explosion et vint s’écraser sur le sol avec son équipage », poursuit le reportage.
« Au village depuis 1757 »
« Mon oncle n’aurait pas dû se trouver à ce poste. Ce jour-là, il remplaçait un autre officier », précise Georges Curie. Au centre d’un cliché, un homme moustachu : le sous-lieutenant Henri Curie. C’est lui qui régla le tir de batterie fatal à l’aérostat. « L’affaire avait eu à
l’époque un grand retentissement.
Il a été décoré de la Légion d’honneur. Plus tard, il a également été fait Chevalier de l’ordre de la Couronne belge », souligne Georges, qui se rappelle : « Il habitait à Sedan, dans les Ardennes. Je le voyais quand il venait en vacances à Pusey, d’où il était natif. Car les Curie sont au village depuis 1757 ! » Le neveu, âgé de 79 ans, se souvient « d’une armoire à glace. C’était le plus costaud de la famille. »
Contrairement à deux de leurs frères, qui figurent sur le monument aux morts de Pusey, Marcel, le père de Georges, et Henri ont survécu à la Grande Guerre. Ce dernier terminera sa carrière au grade de commandant, connaissant en 1940 le malheureux sort des prisonniers de guerre.
Né en 1889, Henri Curie est décédé en 1963. Ses obsèques ont été célébrées le 23 novembre à Pusey. « Je me souviendrai toujours de
cette date. La veille, l’ancien boucher, qui était venu pour jeter de l’eau bénite, nous a annoncé la mort de Kennedy. Il venait de l’apprendre par la radio ».
Sylvain MICHEL
« Les zeppelins faisaient 55 000 m³. Un article raconte qu’au niveau de Cintrey, lorsque l’un d’eux est passé devant le soleil, le village était pratiquement dans l’ombre. »
Georges Curie
Voir l'article de L'est Républicain du samedi 25 novembre 2017
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